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La communication est-elle condamnée à polluer ?

Dans le cadre d’une publication dans le magazine New Normal, nous avons été invités à exposer notre point de vue sur la communication responsable.

Quel est selon vous LE sujet émergent qui va compter dans les années à venir?

Selon le Giec, l’humanité dispose de 3 ans pour réduire ses émissions de CO2 !

Face à l’urgence climatique et à la pression socio-écologique croissante des citoyens (7 Français sur 10 estiment que les entreprises et les marques ont un rôle à jouer sur les sujets de société (1)), mais aussi des investisseurs (76% des investisseurs utilisent des stratégies d’investissement thématiques pour mettre l’accent sur le développement durable et les critères RSE (2)), et du législateur français, l’engagement des entreprises n’est désormais plus une option, que ce soit par conviction ou par obligation.

D’ailleurs, les entreprises ont commencé à devenir responsables depuis 2010, date de la création de la norme « ISO 26000 responsabilité sociétale » mais les français se méfient : aujourd’hui, 67% des français ne savent pas distinguer les entreprises réellement responsables (3) ! 

Pour ces entreprises, communiquer n’est plus sans risque, car pour la société civile, communiquer, c’est:

  • Contribuer aux maux de la société de consommation (En 2021, l’association Résistance à l’Agression Publicitaire (R.A.P.) a obtenu l’interdiction de la publicité pour les énergies fossiles.)
  • Faire du green, pink, blue, social washing… (En 2021, le Jury de déontologie publicitaire (JDP) a épinglé ADIDAS pour sa campagne «Stan Smith, Forever. 100% iconique, 50% recyclée»)
  • Polluer ! (En 2018, le visionnage de vidéos en ligne a généré plus de 300 MtCO2, soit autant de gaz à effet de serre que l’Espagne, ou près de 1% des émissions mondiales)

“Pour la société civile, communiquer, c’est contribuer aux maux de la société de consommation”

Quels sont ses enjeux, et en quoi il peut avoir un impact positif? 

La sobriété requise par la crise socio-climatique, remet directement en cause la raison d’être de la communication : générer le désir de consommer ! 

Face à ce constat, les Marques ont compris que la communication devait passer de « coupable » à responsable

Et à propos de vous : pouvez-vous nous parler rapidement de qui vous êtes, et ce que vous faites?

Je m’appelle Nicolas Gondeau, 49 ans, père comblé de 3 filles magnifiques. Je travaille dans la communication depuis 25 ans et j’ai créé en 2016 un cabinet de conseil spécialisé en marketing management. En d’autres termes, j’aide de grands clients internationaux à organiser leurs ressources en communication pour booster leur capacité d’exécution marketing.

Quels sont les freins actuels à lever pour que ce sujet porteur puisse se développer? 

C’est avant tout une question de connaissance mais surtout de la prise de conscience que COMMUNIQUER C’EST POLLUER !

Par exemple, contrairement à ce que les gens pensent, le Numérique représente aujourd’hui près de 4 % des émissions carbonées mondiales – soit davantage que le transport aérien civil – et voit son impact augmenter de 8 % par an. Ainsi, alors que la contrainte climatique nous mène à viser une diminution des émissions mondiales dans les prochaines années, celles du Numérique pourraient doubler d’ici 2025 pour atteindre 8 % du total – ce qui correspond à la part des véhicules légers actuellement.

Comment avez-vous pris conscience du sujet que nous sommes en train d’aborder? 

Dans la cadre de mon métier, dont une partie consiste à mettre en relation des Marques avec des agences de communication, je me suis intéressé à cette question en me disant : comment ces agences de communication peuvent-elles contribuer à la communication responsable de leurs clients ? 

Dans ce cadre, nous avons créé cette année l’IC2R, le premier Indice de contribution à la communication responsable des Marques. Il s’agit d’une méthodologie consistant à évaluer les agences de communication sur des critères objectifs, permettant d’obtenir un score. Ce score permettant aux Marques de sélectionner et piloter leurs partenaires en fonction de leurs capacités réelles à contribuer à leur communication responsable.

Toujours à propos de ce sujet, qui sont les acteurs qui vont compter, ou qui comptent déjà? 

Ils sont nombreux ! En tout premier lieu, il y a le pouvoir législatif avec cette fameuse norme Iso26000 qui impose un cadre strict et très complet. Après il y a toutes les autres parties prenantes : les citoyens, les salariés, les consommateurs, les investisseurs, les associations, les cabinets de conseils comme les nôtres et bien entendu, les Marques. Nous assistons à un véritable mouvement collectif qui va profondément changer l’industrie de la communication, telle que nous la connaissons aujourd’hui.

(1)Source : Sondage YouGov pour GreenFlex et l’ADEME (2021)
(2)Source : Enquête Greenwich Associates pour BNP Paribas Asset Management, sur l’attitude des investisseurs institutionnels et des distributeurs face à l’investissement thématique (2021)
(3) Source : Baromètre RSE open-source pour Vendredi (2021) + Sondage Harris Interactive pour le mouvement Impact France (2022)

Crédit Photo: Nathalie Mohadjer

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